Vote jeudi prochain à Bruxelles sur le glyphosateLa France doit clairement s’opposer au renouvellement !
Alors que les États membres de l’Union européenne seront amenés à se prononcer à nouveau jeudi 16 novembre sur le glyphosate, le vote de la France sera déterminant, compte tenu de l’équilibre des forces en présence. Refusant que le Gouvernement s’abstienne à nouveau, ce qui reviendrait à avaliser tacitement le prolongement de l’utilisation de ce pesticide dangereux pendant encore de nombreuses années, les associations ONG exigent que la France prenne clairement position en votant contre le projet de réautorisation.
Mise à jour du 16/11/2023 :
L'UFC-Que Choisir s’indigne du renouvellement de l'autorisation du glyphosate pour 10 ans que vient d'annoncer la Commission européenne. Pour Marie-Amandine Stévenin, présidente de l'association :
"Cette décision traduit la déplorable obstination de la Commission européenne à vouloir que le glyphosate continue de se répandre en Union européenne, alors même que sa proposition n'a pas obtenu la majorité qualifiée des Etats membres et faisait largement débat au Parlement européen… . En outre, la position de la France consistant à ne pas s'opposer à cette ré-autorisation constitue une véritable trahison des consommateurs et de la parole publique, le Président de la République s'étant engagé à de multiples reprises à défendre et obtenir l'interdiction totale de cet herbicide"
L'UFC-Que Choisir agira pour que ce sujet soit au cœur des élections européennes et se mobilisera pour que la prochaine Commission européenne revienne sur cette inacceptable décision d’autoriser, aujourd’hui et pour les 10 prochaines années, le glyphosate.
Le glyphosate est classé comme « cancérogène probable » pour l’homme depuis 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Pourtant, cet été, l’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), a donné son feu vert à la prolongation de l’autorisation de l’herbicide le plus vendu au monde, l’Agence admettant néanmoins certaines lacunes dans les données. Si sa dangerosité pour les utilisateurs (agriculteurs et jardiniers notamment) a été démontrée à de multiples reprises, une récente étude américaine (1) particulièrement inquiétante a relevé un risque accru de dégâts neurologiques (Alzheimer, Parkinson ou sclérose en plaques) pour la population générale en cas de forte exposition via l’alimentation. Le 25 octobre dernier, l’institut Ramazzini a dévoilé les résultats avant publication d’une étude toxicologique internationale multi-institutionnelle sur le glyphosate et les herbicides à base de glyphosate démontrant que de faibles doses d’herbicides à base de glyphosate provoquent une leucémie chez le rat. Deux nouvelles études indépendantes venant s’ajouter au faisceau de preuve qui devrait guider les décideurs vers l’interdiction de cette substance.
Malgré ces dangers et la promesse faite par Emmanuel Macron d’interdire le glyphosate au plus tard en 2021, la France louvoie désormais sous la pression du lobby de l’agriculture la plus intensive. Ainsi, il y a deux semaines, lors d’un premier vote (2) sur la proposition de la Commission européenne prévoyant sa réautorisation pour 10 ans, la France s’est purement et simplement abstenue. En l’absence de majorité qualifiée (3), les États membres seront donc à nouveau amenés à se prononcer jeudi, lors d’un ultime vote décisif.
D’après nos informations, derrière une apparente neutralité, la France soutient en réalité une prolongation sous conditions. Nos organisations déplorent ce manque de courage. Pour rappel, ce sont près de 600 000 Françaises et Français, soutenus par une coalition d’une trentaine d’associations, qui demandent à Emmanuel Macron de soutenir l’interdiction, au niveau européen, de ce dangereux herbicide. [1] Ils sont appuyés par 70 % de la population française, comme récemment révélé par un sondage IFOP. [2]
Au vu de ces constats, et alors que plusieurs des pays européens se sont déjà clairement opposés à la réautorisation du glyphosate, nos organisations exigent que la France et la Commission Européenne soient à la hauteur des enjeux sanitaires et environnementaux en agissant pour une interdiction totale et sans délai de l’utilisation du glyphosate en Europe.
[1] Lien de la pétition : https://www.quechoisir.org/action-ufc-que-choisir-petition-en-finir-avec-le-glyphosate-en-europe-enfin-n95264/et liste des associations la portant : ActionAid France, Agir pour l’Environnement, Alerte des Médecins sur les Pesticides, Amis de la Terre, ATTAC France, BLOOM, Bio Consom’acteurs, Campagne Glyphosate, Cantine sans plastique France, CCFD-Terre-Solidaire, Combat Monsanto, Commerce équitable France, Confédération paysanne, FNAB, FNE Auvergne-Rhône- Alpes, Fondation pour la Nature et l’Homme, Foodwatch France, France Nature Environnement, Générations Futures, Greenpeace France, Ingénieurs sans frontières agriSTA, Institut Veblen, Justice Pesticides, Ligue contre le cancer, Ligue des droits de l’Homme, Mouvement de l’Agriculture Bio-Dynamique, Notre Affaire à Tous, Réseau Action Climat, Réseau Environnement Santé, RESOLIS, Secrets Toxiques, SOL, SumOfUs, Syndicat national d’apiculture, Terre d’abeilles, Terre & Humanisme, UFC Que Choisir, Union Nationale de l’Apiculture Française, WECF, WeMove Europe, WWF.
[2] Communiqué de presse relatif au sondage : www.generations-futures.fr/actualites/sondage-pesticides/2
(1) Association between urinary glyphosate levels and serum neurofilament light chain in a representative sample of US adults : NHANES 2013 – 2014 - An-Ming Yang, Pei-Lun Chu, ChiKang Wang & Chien-Yu Lin - Journal of Exposure Science & Environmental Epidemiology - Septembre 2023.
(2) Vote du Comité permanent des végétaux, des animaux, des denrées alimentaires et de l’alimentation animale ou Scopaff, pour Standing Committee on Plants, Animals, Food and Feed) sur la proposition de la Commission européenne de ré-autorisation du glyphosate pour 10 ans.
(3) Les États membres ne sont pas parvenus à la majorité qualifiée nécessaire pour valider le renouvellement de l’autorisation du glyphosate (au moins 55 % de votes favorables requis, ce qui correspond à 15 États sur 27).